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Le processus d’écriture scientifique est tout un apprentissage qui s’améliore au cours des années aux études supérieures, et par après, selon ce que m’ont partagé plusieurs chercheur.se.s, pendant la carrière en recherche. Par exemple, en relisant les textes que j’écrivais lorsque j’étais au baccalauréat ou même, ceux écrits quand j’ai commencé le doctorat, je constate des améliorations et l’appropriation de mon propre style d’écriture scientifique. Cela se passe par la (re)lecture d’articles scientifiques et de thèses qui ont des sujets similaires au mien en français ou par la (re)lecture des modifications proposées par mes directrices de recherche. J’ai souvent douté de mes compétences en écriture scientifique et en analyse, mais au cours de mon parcours, on m’a souvent répété que ce processus prenait longtemps et qu’il ne fallait pas laisser tomber. J’ai cependant l’impression que plusieurs personnes étudiantes aux cycles supérieurs – ou du moins, celles qui écrivent un article scientifique pour la première fois – font face aux défis similaires en écriture scientifique. De plus, en raison des multiples tâches que doivent gérer les directions de recherche, il arrive que plusieurs semaines ou mois s’écoulent avant d’obtenir des rétroactions. Ainsi, il est important de savoir comment gérer ce temps de façon autonome et responsable afin de continuer l’avancement de l’écriture scientifique. De cette façon, cela permet de garder un taux de motivation élévé, sans quoi, une personne aux cycles supérieurs pourrait avoir l’impression de ne pas avancer.


Ce texte a ainsi comme objectif de présenter quelques conseils afin d’améliorer l’écriture d’articles scientifiques ou des mémoires ou des thèses. Je ne suis certes pas encore experte de l’écriture scientifique comme l’est un.e chercheur.se qui écrit depuis des dizaines et des dizaines d’années, mais j’ai constaté plusieurs erreurs que j’effectuais lorsque j’écrivais. Il s’agit d’erreurs que j’ai également souvent repérées dans des textes, dont des thèses, que j’ai corrigés. Mon expérience en enseignement du français, dont l’enseignement de quelques cours en communication, m’a aussi donné l’opportunité d’identifier certaines de ces faiblesses linguistiques dans les textes des personnes étudiantes dès le premier cycle. Les prochains paragraphes de ce texte donnent ainsi un bref résumé de ces erreurs communes et des façons d’améliorer son style d’écriture scientifique.


Tout d’abord, il ne serait pas possible d’écrire ce texte sans parler de l’importance de la relecture. Lors des dernières années, je me suis souvent relue – et je l’effectue encore dans le cas de ma thèse de doctorat. Cette relecture en plus de la lecture de textes similaires, comme je l’ai précédemment indiqué, permet de repérer des erreurs qui passent parfois inaperçues lors des premiers jets d’écriture et de révision linguistique. Ceci est aussi primordial afin de s’assurer de bien suivre le fameux « fil conducteur » dont m’ont si souvent parlé mes professeures dans mes séminaires. De plus, c’est bien en comparant les chapitres (par exemple, ceux de la problématique, de l’état de la question, du cadre conceptuel ou théorique, de la méthodologie, des analyses, etc.) qu’il est possible de s’apercevoir des éléments qui manquent dans le texte. Par exemple, en relisant une thèse, je me suis aperçue que j’avais oublié certaines figures pertinentes et des éléments dans le texte au sujet d’une politique particulière. Bien que ces éléments ne soient pas des erreurs linguistiques, ils permettent l’amélioration du texte et ils permettent de peaufiner son esprit critique. Justement, on m’a souvent indiqué qu’il était important d’avoir des thèses qui agissent en tant que « modèles » (et sur ce, je remercie tout particulièrement les professeures qui m’ont enseignée lors de ma scolarité doctorale). Par exemple, j’ai pu trouver 3-4 thèses qui me servent de cette façon sur lesquelles je m’appuie afin d’identifier le style d’écriture approprié, les éléments d’analyse qui sont importants et ce qui devrait figurer dans chaque chapitre de ma thèse.


Ensuite, il ne faut pas négliger l’aide des gens. Il est certes difficile de demander aux gens autour de soi de lire une thèse au complet (étant donné sa taille), mais il est possible de leur demander de lire quelques petites sections et des résumés. Cette lecture par autrui est primordiale. Elle permet une vulgarisation des connaissances, ce qui est justement, ou du moins, j’ose l’espèrer, l’un des objectifs de la recherche. Il est, par exemple, possible de faire relire quelques parties par des gens qui ne sont pas dans son domaine ou qui ne font pas de recherche. Ces gens pourront indiquer si certains termes ou concepts ne sont pas assez bien définis ou si des aspects sociohistoriques ou politiques ne sont pas suffisamment décrits.


Par ailleurs, il est important de revoir les éléments purement linguistiques dans le texte. Cela comprend le temps des verbes : par exemple, il est plus approprié d’utiliser le passé composé (cette spécialiste (année) a trouvé que…) dans l’état de la question que le futur simple (cette spécialiste (année) trouvera que…). Dans un ordre d’idées similaire, il est primordial de s’assurer que les phrases soient bien construites et que le sujet de celles-ci soit toujours approprié. J’ai souvent lu des textes dans lesquels on donnait une vie aux objets qui ne peuvent pas réellement effectuer des actions (par exemple, « ce premier chapitre s’interroge… » lorsqu’un chapitre ne peut pas faire l’action d’interroger). Cette personnification, bien qu’il s’agisse d’une figure de style populaire dans la littérature, n’a pas le même sens dans la recherche scientifique.


Enfin, lors des dernières révisions linguistiques, il est également possible de retravailler la mise-en-page ou le format du texte pour obtenir l’uniformité. Ces éléments sont, entre autres, ceux de la ponctuation, des espaces (devant et après les paragraphes, les sous-sections, les chapitres, les figures, les tableaux, etc.), les caractères spéciaux (le gras, les italiques, etc.) et la numérotation (les pages, les sections, les sous-sections, les figures, les tableaux, les annexes, etc.). C’est aussi lors de ce moment qu’une révision des références et de la bibliographie peut être effectuée. Cela permet d’identifier les erreurs dans le style bibliographique employé (par exemple, APA ou MLA), mais également, les références qui ne sont pas dans la bibliographie ou qui y figurent, mais qui ne sont pas dans le texte. En dernier lieu, la vérification des calculs et des statistiques peut se faire. Il arrive que des erreurs se faufilent dans les calculs ou que des statistiques plus récentes soient publiées (par exemple, employer les données de Statistique Canada de 2021 au lieu de celle de 2016).


Bref, l’écriture scientifique est un art en soi qui se peaufine constamment. Je termine ce texte en invitant les gens à partager leurs propres erreurs en écriture scientifique ainsi que leurs propres conseils pour améliorer son style d’écriture.


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